Hybrider les arts vivants et les arts visuels

Nouvelle-Aquitaine

Hybrider les arts vivants et les arts visuels

CURA

En collaboration avec :
Cnap Ministère de la culture

Inquiétantes étrangetés
L’étrangeté en art serait plutôt de l’ordre de la règle, et il en était déjà ainsi avec les anciens considérant les gravures du Mundus subterraneus d’Athanasius Kircher qui ont tant inspiré l’artiste Brankica Zilovic. Son médium, c’est la laine tuftée – une technique bien connue à Aubusson – avec laquelle elle crée des représentations colorées mêlant cartes et territoires du dessus comme du dessous.
De son côté, Michel Paysant dessine avec les mouvements de ses pupilles qu’il scrute et enregistre en temps réel avec un système de tracking oculaire. Le dessin du paysage qui orne son Vase pour les yeux en porcelaine de Limoges témoigne ainsi d’une observation que le procédé technologique d’acquisition transforme en action, celle de dessiner.
Les photographies de Marina Gadonneix semblent, quant à elles, témoigner d’un quelque chose qui s’est passé ou qui est sur le point d’arriver. Évoquant souvent l’univers des scientifiques, ses décors, constitués ou reconstitués, sont comme en suspens. Avec Untitled (Mars yard) #3, ce qui pourrait arriver ne témoignerait que de l’éventualité d’un ailleurs aussi lointain qu’incertain.
Les scénarios des films en trois dimensions de Bertrand Dezoteux, comme Super-règne issu de la collection du FRAC Nouvelle-Aquitaine, vont d’étrangetés en étrangetés. Avec ses narrations, l’artiste convoque le surréalisme. Son esthétique est aussi faite d’approximations qui ajoutent à l’étrangeté générale des séquences présentées en salle ou comme ici en environnement.
C’est en général sur Internet que les créations de Michaël Borras, plus connu sous le nom de Systaime, émergent. L’artiste, qui a effectué une partie de ses études à Aubusson, se saisit des idées comme des formes, outils ou services qui sans cesse se renouvellent. Il éprouve les techniques ou technologies comme actuellement celles de l’intelligence artificielle générative pour illustrer de possibles rêves ou cauchemars qui sont en parfaite corrélation avec les cultures populaires se déployant en ligne.
Enfin, il y a l’installation sonore Bleen de Caroline Delieutraz qui émerge aussi de l’usage d’applications d’intelligences artificielles génératives. Les impressions sur tissus matelassés qu’elle offre à nos regards ont quelque chose d’organique. La symétrie qui y est de rigueur nous oriente vers le monde animal mais, chacune et chacun, y verra ce que bon lui semble en éprouvant vraisemblablement le sentiment d’une inquiétante étrangeté.
Commissaires : Annso Boulan & Dominique Moulon
Du 12 octobre au 24 novembre 2024