Empreintes sociales, civiques, sensibles... Deux jours de séminaire des Scènes nationales

National

Empreintes sociales, civiques, sensibles... Deux jours de séminaire des Scènes nationales

3 et 4 février 2025

L’empreinte ou les empreintes des établissements sur leurs territoires : empreintes sensibles, culturelles, sociales, civiques.

Pour la troisième année, les directions et présidences des Scènes nationales se sont immergés durant 2 journées autour d'une problématique afin d'en ressortir mieux outillés pour appréhender des questions qui les réunissent, tenter de poser une méthode/des méthodes commune(s) et de constituer ensemble quelques fils de modélisation. 

Thème de réflexion proposé : l’empreinte ou les empreintes des établissements sur leurs territoires : empreintes sensibles, culturelles, sociales, civiques.
Révélation, légitimation de la profondeur des actions menées au long cours. Au-delà de la communication/promotion, quels outils à partager en commun pour observer qualitativement l’action artistique et culturelle des maisons puis en rendre compte ?
Quels indicateurs, quels critères pour apprécier, comme l’ont formulé les chercheuses/géographes qui ont travaillé avec la MC93 et la Scène nationale de l’Essonne à Évry, « les effets multidimensionnels des projets artistiques sur les sociétés et leurs espaces ».

Après une mise en partage de quelques expériences significatives de réflexion sur cette question, des ateliers en petits groupes ont permis de construire un état des lieux du traitement de ce sujet dans les maisons. 

Une occasion également d'évoquer les Contrats de résonnances dont s’est fait écho l’Observatoire des Politiques Culturelles et qui met en lumière les travaux d’un groupe de travail initié par la DGCA pour concevoir de nouvelles formes de contrats de coopération trans-sectoriels sur les territoires.

Un premier atelier a un pu artificiellement classer ces empreintes en 4 catégories ou types : civiques (politique, de compréhension des grands sujets de société, …), sociales (créatrice de liens intergénérationnel, multiculturels…), sensibles (émotionnel, expression individuelle…), culturelles (connaissances, appropriation de références collectives, esthétique...).

Ensuite, un second atelier s’est penché sur la géographie de ces influences diverses, leurs périmètres, mais aussi sur leur temporalité.

Et enfin un dernier atelier a permis de chercher des outils et des méthodologies qui seraient pertinentes pour partager ces notions qui semblent complexes mais dont l’argumentaire est indispensable pour que des non spécialistes puissent en être les défenseurs.

Une nécessite de requalifier l'évaluation des actions menées

Compléter une vision trop centrée sur le quantitatif pour la faire dialoguer avec une vision qualitative. Faire en sorte que les chiffres puissent être des appuis pour que les indicateurs intègrent aussi des notions plus larges comme : la PROGRESSION, la TRANSFORMATION, la façon dont les parties prenantes se DÉPLACENT au cours d’un projet…

S’inscrire dans des territoires

La première mesure indispensable paraît être de laisser le temps à un projet de s’inscrire dans les réalités singulières d’un territoire. Un DIAGNOSTIC de territoire approfondi est le gage d’une inscription des actions la plus pertinente. C’est une relation dialectique qui existe entre une Scène nationale, son projet et son territoire de rayonnement. Cela implique une porosité et une forme de réciprocité des transformations à l’œuvre. Les interactions façonnent mutuellement le lieu, l’équipe, le projet, les partenaires…

Une évolution sur le rapport entre artistique et culturel

A la fin des échanges, nous avons évoqué longuement l’évolution qui s’est produite ces dernières années sur le rapport entre ARTISTIQUE et CULTUREL. Ce qui génère aussi un élargissement des formes et des expériences proposées tant par les artistes que les structures ; un nouveau vocabulaire pour qualifier les actions est à l’œuvre ; une autre relation entre artistes et structures (avec un partage plus large des questions de « direction » des lieux, de leur rapport aux territoires…). On partage la transformation des espaces, un élargissement des champs disciplinaires, de l’usage des espaces (des jardins, des bars, des restaurants, des tiers lieux…).

Tout cela engendre un nouveau relationnel ; d’autres MOTS pour qualifier des métiers nouveaux (des animateurs culturels jardinier ou cuisinière par exemple) ; d’autres TEMPS de rencontre (la journée, le soir, les fêtes la nuit).

Faire récit(s)

Ces actions appellent des formes et des formats pour en rendre compte qui sont très variés selon qu’ils s’adressent au milieu institutionnel ou bien au grand public : compte-rendu dans des bilans, capsules vidéos, témoignages filmés, écrits, photographiés, récits par des tiers (artistes, journalistes, témoins, …), mise en forme visuelle (artistes plasticiens, géographes, graphistes, illustrateurs), interviews…

Dans tous les cas ce qui est mis en relief comme fondamental c’est la nécessité de FAIRE RÉCIT(S).

On ne peut se contenter d’une liste ou de chiffres, il faut pouvoir RACONTER.

Le fait d’éditorialiser ces récits (dans la communication) paraît cruciale.

On ne sait pas dire le « bénéfice » de l’action des Scènes nationales sur la société (est-ce qu’elle devient meilleure ?) mais on peut dire le nombre de partenaires avec lesquels elles créent des LIENS, dire leur rôle de REFUGE des liens.

Il s’agit aussi de rendre compte de l’impact sur les imaginaires, d’attraper « l’aura » ou la « réputation » des lieux…

Des espaces multiples

Les périmètres retenus pour observer l’action des Scènes nationales sont nécessairement multiples et ne sont pas seulement géographiques. Bien sûr il a été question de proximité, de région, de national et d’international ; et ces espaces ont fait l’objet d’un bouquet de verbes associés : HABITER (la proximité), RELIER (les partenaires en région), INFUSER (à l’échelle nationale) EXPLORER (le monde). On les a aussi identifiés en couches multiples : des territoires administrés (ville, agglo, département, etc.), mentaux ou vécus, numériques ou digitaux, symboliques ou sensibles. Les Scènes nationales sont en réalité au cœur d’une dynamique territoriale. Leur influence du local au global ne porte pas sur les mêmes observations.

Les temporalités

Tous s’accordent sur le fait que l’action des établissements s’observe sur des temps multiples eux aussi. Chaque projet prend appui sur un héritage, des héritages. Si on peut regarder les résultats d’une saison, la première mesure temporelle retenue est celle de 4 ou 5 ans. Le temps d’appréhender un territoire dans toutes ses composantes. Ce pourrait être le temps nécessaire AVANT de rédiger une première CPO qui porterait sur les 4 ou 5 années suivantes. Il en résulte l’idée qu’un projet se déploie sur 10 ans environ, avant de se retransformer à nouveau. Trente ans : c’est la mesure de l’impact d’une politique culturelle, une génération. Et enfin, l’idée que cela pourrait aussi être éclairé par le temps d’une vie. Les expériences artistiques et culturelles sont diverses selon l’âge, la période de sa vie où l’on se trouve. Quelqu’un disait qu’on entendait toujours que le public « vieillissait » mais si c’est le cas depuis 50 ans… c’est bien qu’il s’est renouvelé en chemin… non ?